Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cours de psycho clinique

Cours de psycho clinique
  • Etudiante en psycho, je publie mes cours de psychologie clinique (première année, premier semestre, année 2004, cours de M. Rausky, ULP Strasbourg I) pour les étudiants autant que pour les curieux...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
12 janvier 2005

Construction du savoir clinique et origines de la psychothérapie moderne (fin du XVIIIème siècle)

A la fin du XVIIIème siècle, il y a deux écoles principales de psychothérapie :
> L'école du "traitement moral" de Philippe Pinel (1745-1826) ;
> Le magnétisme animal de Franz Anton Mesmer (1734-1815).

1. Le traitement moral, Philippe Pinel

Philippe Pinel, inconnu jusqu'à la Révolution française, est un des médecins qui ont adhéré aux idéaux révolutionnaires. Il a fait en sorte que la Révolution donne des droits aux malades mentaux aliénés.
Nommé en 1793 directeur du service des aliénés de l'hôpital de Bicêtre, il entame une réforme humanitaire de ce service.
Il fait supprimer les chaînes et entraves des aliénés, car il estime que leur violence vient de la répression qu'ils subissent. Contrairement à ce que ses adversaires pensaient, les malades restent tranquilles, certains mêmes sont admiratifs une fois déchaînés.
Pinel veut que les aliénés ne soient plus considérés comme des prisonniers mais comme des malades qui ont besoin de soins.

Idées dominantes de Pinel
> Primauté de l'observation du "terrain" (familial) et de la "constitution" (corporelle) sur la recherche de "causes" : un patient est différent selon ce qu'il a vécu , selon les milieux dans lesquels il a vécu, selon sa constitution corporelle.
> Humanisation du séjour hospitalier, valeur thérapeutique du travail (ergothérapie) : la relation thérapeute-patient doit être une relation d'autorité mais aussi de tutelle. Le patient n'a pas seulement besoin de médicaments, mais aussi d'un suivi verbal.
Il faut sortir les malades mentaux de cette vie d'inutilité : Pinel propose de leur occuper l'esprit avec des activités manuelles (ex : travail aux champs). Il remarque qu'un malade qui travaille toute la journée est plus tranquille, moins agité, et a un meilleur sommeil. Le travail manuel a donc une valeur thérapeutique. On l'appellera par la suite ergothérapie.

Chez Pinel, il existe un souci de formation du personnel soignant des asiles. C'est un des premiers auteurs à aller dans le sens des spécialisations en médecine et infirmerie.
Il écrit beaucoup de livres (nosographies) pour décrire les maladies, fait une classification des différentes maladies mentales.

Pinel tombe en disgrâce quand Napoléon abdique en 1815 (il était son médecin privé) et quand Louis XVIII, frère de Louis XVI (Pinel était de ceux qui l'ont emmené à la guillotine) l'exclut pour actes révolutionnaires.
Les disciples de Pinel prennent la direction de tous les hôpitaux psychiatriques de France et fondent les premières chaires de facultés consacrées aux maladies mentales et nerveuses.
Après la mort de Pinel (1826), l'idée que les maladies mentales sont incurables revient. On considère de nouveau les hôpitaux psychiatriques comme des endroits de surveillance et non de cure. L'idée que le dialogue est important avec le malade est oubliée.
Ce qui reste de PINEL est la structure hospitalière : du personnel formé, spécialisé.

2. Le magnétisme animal, Franz Anton Mesmer

Mesmer propose un traitement universel pour toutes les maladies.  
Son idée : l'être humain vit dans un fluide, une énergie vitale invisible. La maladie viendrait d'une obstruction de ce fluide.
Par là, Mesmer refuse la médecine. Il considère que les médicaments ne sont que des poisons inutiles.

Pour une bonne circulation du fluide, il faut un contact entre le magnétiseur et le patient. Celui-ci entre en "crise" plus ou moins violente, signe de la guérison.
Le corps médical d'oppose à Mesmer, qui quitte Vienne et s'installe à Paris. Il obtient une très grande clientèle avec sa nouvelle méthode de guérison en groupe.


Le baquet mesmérien


Quelques personnes prennent place sur les divans. Des "tiges magnétiques" sortent du baquet et sont posées sur la partie du corps qui est malade. Les patients se donnent la main ("effet de chaîne"). Derrière la fenêtre, un orchestre joue une musique destinée à provoquer puis atténuer la crise.
Mesmer leur interdit de parler, donne des instructions. Les patients entrent en crise les uns après les autres. Ceux qui font une cris trop violente sont emmenés dans une "chambre de crise" matelassée.
Les patients sortent avec une impression de soulagement.

Les adversaires de Mesmer disent que c'est un escroc. Il ne s'intéresse pas à la nosographie, considère qu'il n'y a qu'une seule maladie, l'obstruction du fluide.
Pour le corps médicale français, il faut proscrire e magnétisme animal. Ils n'y parviennent pas car Mesmer a des amitiés à la cour royale.
L'Ordre des Médecins fait signer un papier à tous les médecins ("le formulaire") où ils promettent qu'ils n'exerceront pas le magnétisme animal, sinon ils seront radiés de l'Ordre des Médecins. Beaucoup persistent.

Certaines idées de Mesmer ont été retenues : les hypnotiseurs et psychanalystes gardent les séances d'une heure, la pénombre (conditions qui permettent des restrictions sensorielles) et le divan (détente, relaxation).

Contributions de Mesmer à la psychothérapie

> Musicothérapie : le son qui guérit, qui met en action le corps humain
> Les "crises" (transes ou états modifiés de conscience de type hypnotiques) : pour guérir, il faut sortir de l'état normal de conscience
> Psychothérapie de groupe : quand nous sommes ensemble, il y a création d'un climat thérapeutique. La présence d'autres malades nous renforce dans notre envie de guérir.
> Thérapie d'expression corporelle : le patient s'exprime avec son corps (crise).
> Catharsis psychosomatique : à travers le corps s'exprime l'affectivité (peurs, phobies, désirs, agressivité, haine...)
> Rapport (relation thérapeutique) : il ne faut pas changer les thérapeutes, il doit y avoir un processus personnalisé avec le même thérapeute jusqu'à la guérison.

Publicité
Publicité
12 janvier 2005

Démonologie et sorcellerie dans l'Europe de la Renaissance (XVIème siècle)

Au moyen-âge, la croyance aux démons est universelle. Les démons sont très nombreux et sont la cause du mal subi par les sociétés.
Freud : "La croyance au diable est un soulagement économique" (diable = mal absolu, incarnation du mal qui fait partie de la doctrine dominante.
C'est la démonologie : traités très nombreux sur l'action du diable.
Malleus Maleficorum (Le marteau des sorcières, 1492, Spranger et Institoris), écrit par deux dominicains de Sélestat. Lu et traduit à plusieurs reprises, constitue le principal pilier de la démonologie du XVIème siècle.
Idée dominante : le diable conspire pour le malheur du monde, et est donc à l'origine des catastrophes (ex : famine) mais aussi de la mortalité du bétail, des épidémies humaines. Le diable provoque aussi la folie (certaines maladies mentales ne sont pas naturelles mais maléfiques).

Le démon agit essentiellement de 5 façons :
> TENTATION : il séduit et encourage les hommes à agir dans le sens du mal. Il ne se présente pas à visage découvert. Le sujet peut être amené à commettre des fautes graves.
> SUGGESTION : induire par tromperie une action comme si elle était voulue. Le sujet croit agir librement, être autonome.
> OBSESSION : assiégement du corps du sujet. Le diable est proche du sujet, qui ressent sa présence. Son corps souffre, ressent sa présence.
> POSSESSION : le diable ne peut pas prendre possession du sujet sans son consentement : il signe le pacte diabolique. Le diable promet quelque chose en échange de l'âme du sujet. Celui-ci devient un sorcier, doué de pouvoirs (magie noire). Celui qui est possédé a accepté librement de devenir suppôt de Satan, il mérite donc la peine de mort.
> INFESTATION : contamination de toute une région par le démon (individus, bétail, végétation, maisons).

Dans les traités de psychiatrie, on répertorie différents signes de la possession :
> Transformation du corps, conviction du sujet d'être transformé en animal (lycanthropie)
> Alternance de calme trop profond et de périodes de violence extrême et incontrôlable avec force décuplée.
> Possibilités mentales extraordinaires (parler des langues inconnues, lire les yeux fermés = seconde vue...)
> Transes profondes de type hypnotiques avec changement de personnalité
> Anesthésie (certaines parties du corps échappent à la douleur).

Très forte composante sexuelle de la possession : quand des femmes avouent (sous la torture) être possédées, elles parlent d'avoir été possédées sexuellement par des INCUBES (démons mâles). Démons femelles : SUCCUBES qui s'attaquent aux hommes.

La délation anonyme suffit pour accuser un sujet de possession.
Pour obtenir l'aveu, on utilise la torture "ordinaire" et la question "extraordinaire". Le sujet avoue quand il n'en peut plus d'être torturé. L'aveu est nécessaire pour obtenir une condamnation. La peine est la peine de mort, les sorciers et sorcières sont brûlés. La plupart des accusés sont des femmes (misogynie et peur des femmes sont répandues).

On accuse les sorciers de participer à des messes noires (Sabbat des sorciers), de s'envoler sur leur balai dans des endroits maléfiques pour y effectuer des orgies très perverses. On les accuse d'envoyer des mauvais sort par la pensée, le toucher, le regard...
Des milliers de personnes sont brûlées en Europe.

La plupart des médecins ne soignent pas les "maladies diaboliques", mais certains se rendent bien compte que les sorciers ne sont que des gens anormaux, bizarres, et mettent en doute les accusations. Néanmoins, ils ont peur de contester les croyances car la sorcellerie est un crime d'état (ceux qui contestent peuvent être mis à mort).

Un mouvement de contestation commence, mené par un médecin flamand, Jean Wier, qui écrit un livre en 1566. Il ne prétend pas que le diable n'existe pas (il aurait été accusé d'athéisme) mais considère que les femmes accusées ne sont que des femmes mélancoliques : maladie où elles se croient être proie du démon (idées sombres, de punition, de damnation). Il dit qu'il serait injuste de torturer ces femmes car elles avoueraient des crimes qu'elles n'ont pas commis. Wier pense que le diable n'y est pour rien donc propose de soigner ces personnes au lieu de les punir : purge, jeûne, sommeil (vider l'organisme des humeurs morbides qui sont à l'origine de ce délire).
Wier ose affirmer que l'état, la justice, l'église se trompent. Il est protégé par la noblesse des Flandres donc n'est pas mis à mort. Sa thèse est révolutionnaire.
La thérapie proposée est cependant très pauvre.

L'ouvrage de Wier n'est pas reçu avec toutes les faveurs, il est condamné par Jean Bodin en 1580, qui pense qu'il existe des maladies mentales ordinaires mais qu'il y a des cas où le sujet semble malade mais est possédé. Bodin invite à poursuivre la lutte contre les sorciers.

Aujourd'hui

La notion de tentation va devenir une figure littéraire : désigne un sentiment de désir devant un objet fascinant, attirant.
La suggestion  devient un terme important en psychologie (ex : hypnose). On parle de psychothérapie suggestive.
Le terme d'obsession devient un terme psychiatrique : trouble psychique où le sujet est en proie à un sentiment dont il a l'impression qu'il est étranger.
La possession : différentes formes, selon la société. Le sujet peut être tantôt possédé par un esprit malfaisant, tantôt par un esprit bienfaisant.

On pense que ces phénomènes s'inscrivent dans deux logiques différentes :
> LOGIQUE SOCIOCULTURELLE : cadre socioculturel. Si la possession est mal vue dans une société, le sujet vit mal sa possession, se voit accablé. Si la possession est bien vue dans une société, le sujet est heureux d'être possédé, il peut devenir un prêtre, respecté par ses concitoyens, magicien...
> LOGIQUE BIOGRAPHIQUE SINGULIÈRE : la culture n'influence pas tous les individus de la même façon, les sujets parlent de leur possession pour exprimer leur propre drame personnel.

7 janvier 2005

Construction du savoir clinique en occident

FONDATION DES UNIVERSITÉS EN EUROPE AU MOYEN-ÂGE

Les universités ont été les premières institutions dont le but était la transmission globale des savoirs. Elles apparaissent à Salamanque, en Espagne, en France, en Angleterre puis se répandent partout dans le monde.
Les savoirs sont regroupés en quatre facultés : médecine, philosophie, théologie, droit.

Facultés de médecine : étude de la folie selon le système d'Hippocrate (voir "Guérison des maladies de l'esprit dans la médecine grecque") et de Galien (théorie des quatre humeurs).
Les facultés de médecine forment des praticiens nommés docteurs en médecine (titre attribué par le roi ou le pape). On y enseigne des savoirs qui remontent à avant l'ère chrétienne : les troubles du psychisme vus par Hippocrate puis par Galien.

Facultés de philosophie et de théologie : étude de la folie selon la théorie des passions d'Aristote (voir "Construction du savoir théorique sur le psychisme (Aristote, 384-322 av JC)") et selon la théorie de Thomas d'Aquin.
La faculté de philosophie s'intéresse aux troubles de l'esprit dans le cadre de l'enseignement de la théorie des passions de l'âme d'Aristote. On s'intéresse ensuite à une nouvelle vision des troubles psychiques, celle de Thomas d'Aquin :
> La folie est parfois naturelle, fruit d'un obstacle dans l'organisme, donc relève de la médecine.
> La folie est d'autres fois morale, lorsque le sujet se laisse entraîner dans les passions.

LOCALISATION DES FONCTIONS CÉRÉBRALES

Au Moyen-âge,
plus personne ne croit que les fonctions psychiques résident dans le coeur, mais on n'ose pas affirmer que le point de vue d'Aristote était faux. Cependant, les savants bâtissent des théories affirmant que le cerveau est le sièges des émotions, des sensations, de l'intelligence, de la mémoire, de la motricité...
Selon Arnaud de Villeneuve : les maladies mentales dépendent d'inflammations du cerveau. Si tel est le cas, le cerveau est bien siège du psychisme.
Exemples :
MANIE : Délire joyeux, mégalomane, exaltation de l'imagination. Aurait lieu quand la "cellule antérieure du cerveau" est inflammée.
MÉLANCOLIE : Délire où le sujet est dégoûté de la vie, de lui-même... Aurait lieu lorsque la "cellule moyenne du cerveau" est perturbée, envahie par la bile noire.
Selon Arnaud de Villeneuve, le cerveau ne fonctionne pas comme une masse homogène, mais comme une association de différentes fonctions.
Les théories qui considèrent les troubles psychiques comme troubles du cerveau sont des théories organicistes ou somatistes.
Les maladies psychiques viennent de :
> Excès ou défaut dans le comportement alimentaire (Aristote) ;
> Air non renouvelé : suspension de particules nocives
;
> Manque de sommeil ;
> La colère est un mécanisme  qui conduit de façon dangereuse aux formes les plus extrêmes de la folie ;
> Souci des études : étudiants obsédés par leurs études et qui négligent le reste ;
> Événements biographiques (perte de la fortune personnelle, mariage, divorce, suicide d'un proche...) : changement des conditions d'existence.
> Influence des astres.

NAISSANCE DES ASILES PSYCHIATRIQUES

Le monde antique n'avait aucune institution pour les malades. Les premiers hôpitaux voient le jour en occident et ont un rôle protecteur (et non de soins), d'hébergement, d'habillement. Les soins sont limités, les plus riches se font soigner à domicile.
Les malades mentaux étaient expulsés des villes, abandonnés à eux-mêmes, déportés ("la nef des fous"), agressés, dépouillés... Ils avaient des conditions de vie impitoyables au début du Moyen-âge.
Février 1409 : le père Jofré prêche dans son église et aperçoit des garçons qui tourmentent un pauvre malade mental dans le fond de l'église. Il coupe son serment pour parler de ce qu'il vient de voir, et demande qu'on crée des "casa de orates" (= maison des fous), pour protéger, héberger, nourrir les fous.
Lentement, de telles maisons s'ouvrent partout en Europe, destinées à contrer les persécutions subies par les malades mentaux (mépris, vol, agressions...).
Avec le temps, les différentes congrégations religieuses prennent en charge les asiles, puis ce sont les gouvernements.
Les individus asociaux, au comportement déviant, atypique (prostituées, ivrognes, vagabonds...) sont aussi internés de force.

Au XXème siècle, il existe différentes théories concernant l'asile du Moyen-âge (progrès ou régression ?) :
> BARUK, ZILBORG : l'hôpital psychiatrique du Moyen-âge est un vaste mouvement humanitaire. Il faut protéger les malades mentaux, victimes de la haine, de superstitions, de mépris.
> FOUCAULT (Histoire de la folie) : l'asile est une institution de normalisation sociale destinée à punir : la société cherche à exclure les individus indésirables. Répression sociale de la marginalité, de ceux qui sont jugés asociaux.
> SZASZ (Fabriquer la folie) : la folie est une étiquette donnée par la société à des comportements atypiques, indésirables.
> RAUSKY : Il faut modérer les visions de Baruk, Zilborg, Foucault et Szasz. L'asile est un progrès social pour les fous : protection sociale. Mais ce n'est pas un progrès sur le plan thérapeutique, car les médecins n'établissent pas de lien avec les malades. On n'y soigne que les maladies physiques, somatiques.

7 janvier 2005

Construction du savoir théorique sur le psychisme (Aristote, 384-322 av JC)

1. Structure des trois niveaux de l'âme

Aristote est le dernier savant universel. Il écrit des traités de philosophie sur la botanique, la zoologie, le règne minéral, l'éthique, la métaphysique, la politique, les lois, le théâtre... C'est le fondateur de la théorie de la catharsis. Il est opposé à l'école de l'Académie de Platon.
Il fait une place fondamentale à l'âme humaine, divisée entre quatre modalités : mémoire, imagination, sensations, passions. Aristote réfléchit de façon globale : l'âme est le siège de ces quatre fonctions.
L'Homme possède trois niveaux d'âme :

Il existe, selon Aristote, quatre règnes dans la nature :
> Le règne minéral (pas d'âme)
> Le règne végétal (doué d'un principe vital)
> Le règne animal (plus complexe)
> Le règne humain.
L'homme n'est pas considéré comme un animal.

Âme végétative : Animaux, plantes et hommes la possèdent. C'est un principe vital d'animation, d'activité.
Âme sensitive : Animaux et hommes la possèdent (les plantes ne se déplacent pas en général). Ce principe pousse à la motricité.
Âme intellective ou rationnelle : Principe de la raison. Seuls les hommes la possèdent. C'est parce que l'homme est rationnel qu'il n'appartient pas au règne animal.

Cette vision d'Aristote a marqué la psychologie : on continue à voir le psychisme divisé en trois. Freud lui aussi divise le psychisme en trois dans ses deux topiques.

2. Théorie des passions de l'âme d'Aristote

Selon Aristote, l'homme n'est pas purement un être de raison mais aussi un être de passions : colère, tendresse, cruauté, avarice... Ces émotions échappent à la raison. L'homme n'est pas seulement guidé par sa raison mais aussi par des tendances obscures, qu'il ne comprend pas, les passions.
Aristote explique l'origine des passions par deux hypothèses.

a) Hypothèse causaliste ou déterministe
La passion est la réponse du sujet à quelque chose de vécu.
Ex : la colère est un effet, une réponse à une injustice subie ou ressentie, voire observée.

b) Hypothèse téléologique ou finaliste
Les passions ont un but, un objectif, et sont une préparation de l'esprit à un événement à venir.
Ex : La colère est une préparation à la vengeance (le corps et l'esprit doivent être suffisamment agités pour que la vengeance ait lieu).

Ces deux modèles ont eu une influence certaine sur la psychologie moderne :

3. Débat sur l'organe siège du psychisme  

Les philosophes antiques n'ont pas une connaissance approfondie des fonctions du coeur et du cerveau.
> Platon stipule que le cerveau est l'organe siège du psychisme, car il est l'organe supérieur du corps humain, et le psychisme, ce sont les fonctions supérieures. Sa théorie n'a pas de succès.
> Pour Aristote, la raison est le principe central de l'âme donc doit siéger dans le coeur, organe central du corps.

On ne se rendra compte qu'au moyen-âge que le cerveau est siège de la mémoire, de l'imagination, des sensations et des passions.

4. Psychothérapie philosophique et didactique selon l'école d'Aristote

Aristote considère les maladies comme provenant d'un excès ou d'un défaut. Le sage est sensé dire à son élève de conserver en tout le juste milieu, avoir une consommation modérée des biens de la vie.

6 janvier 2005

Guérison des maladies de l'esprit dans la médecine grecque

C'est en Grèce que, pour la première fois, on trouve un effort systématique pour classer, observer, définir, traiter les maladies de l'esprit humain.
c'est en Grèce (et en Egypte) que sont nées l'anatomie (connaissance des organes), la physiologie (connaissance des mécanismes comme la respiration, la digestion), la botanique (recherche de plantes thérapeutiques en vue de trouver des médicament spécifiques pour chaque maladie). On voit apparaître en Grèce une nosographie, tableau récapitulatif des différentes maladies de l'esprit. La société grecque a profondément marqué notre connaissance dans la médecine.
Pourtant, la médecine grecque scientifique cherche aussi les voies de la guérison à travers la magie, la religion. Il existe des sanctuaires de guérison, temples dédiés à l'une ou l'autre divinité. Les sanctuaires sont des lieux de pèlerinage, et le coût du voyage est souvent onéreux. On y procède à des sacrifices, processions, dons, confessions, dons le but de guérir. La confession donne un aspect verbal très important à ces sanctuaires.
Dans d'autres cas, on fait dormir le malade dans le sanctuaire ("rêve d'incubation") et il se réveille souvent guéri. Ce sont des thérapies oraculaires.
Freud a écrit un article an 1890 nommé "traitement psychique" où il décrit une "attente croyante" chez les grecs : la guérison s'explique par une synthèse d'attente et de croyance en la guérison.
Chez les grecs, le malade a l'impression de payer sa dette envers les dieux en pélerinant, ce qui renforce ses convictions.
Charcot, maître de Freud, écrit un article nommé "la foi qui guérit", où il s'interroge sur la guérison des maladies psychiques, à l'aide d'études de textes de l'époque grecque. Il définit plusieurs notions : chez un patient qui a une paralysie d'origine psychique, un pèlerinage peut lui rendre l'usage de ses jambes grâce à un bouleversement psychique. La thérapie du pèlerinage ne fonctionne cependant que pour des troubles d'origine psychique et si le malade est suffisamment convaincu que le pèlerinage va le guérir ("idée fixe").
Bernheim (XIXème siècle) pose une autre hypothèse, selon laquelle le prêtre guérit vraiment le malade (pas de fausse guérison) par la suggestion. La maladie mentale n'a pas de rapport avec l'hystérie. La suggestion est IDEO-DYNAMIQUE : la croyance du sujet se transforme en acte grâce au pouvoir dynamique de l'idée. Exemple : un sujet hypnotisé se met à transpirer si on lui dit qu'il fait très chaud.

A partir du 5ème siècle avant JC, la médecine officielle grecque est constituée de deux écoles rivales.

> L'école de CNIDE
Cette école est convaincue qu'il faut, pour soigner une maladie, d'abord avoir une théorie sur cette maladie. On considère toute maladie comme conséquence d'une lésion (théorie lésionnelle de la maladie). Cette théorie est aussi appliquée à la folie. Un traitement spécifique est appliqué à chaque maladie, le même traitement quel que soit le patient.

> Cette vision dogmatique est contestée par Hippocrate, fondateur de l'école de COS. Technique : observation du patient, relation malade- thérapeute. La primauté est donnée à l'observationnelsur la théorie.

CNIDE : SOLIDISME (l'organisme est constitué de parties solides) la maladie est due à une lésion d'une partie solide de l'organisme.

COS : HUMORALISME (humeurs = liquides) Théorie de la santé d'Hippocrate :
               Crase = état où les humeurs sont en équilibre dans l'organisme. Bonne santé.
               Discrase = déséquilibre des humeurs, maladie (excès, défaut ou déplacement d'un liquide).
Le système hippocratique s'applique aux maladies mentales comme aux maladies somatiques.
Tempéraments : Selon Hippocrate, les types de personnalités humaines proviennent des mélanges des liquides.

Le sujet vient au monde avec une prédominance d'une humeur particulière. Tant quel'équilibre est maintenu, il est en état de santé. Le rôle du médecin est de prescrire une vie de sagesse, et non pas des médicaments. Il doit faire en sorte que le patient mène une vie équilbrée : ni paresse, ni hyperactivité. Il doit orienter le patient vers l'équilibre. Sagesse dans la nourriture : jouir des plaisirs de la table sans excès ni défaut.
Cependant, Hippocrate reste prisonnier de la théorie utérine de l'hytérie (voir chapitre "Sources du savoir clinique et de la psychothérapie").
Hippocrate utilise une pharmacopée empirique : l'expérience seule sert dans la prescription de médicaments.
Hippocrate est aussi le premier à prescrire l'hydrothérapie (bains thermaux) : les bains peuvent servir à réchauffer ou refroidir les humeurs.
Il conseille la gymnastique, l'effort physique en général, sains pour le corps et l'esprit (un esprit sain dans un corps sain).
Il approuve la diététique : le médecin propose un certain régime à chaque patient, selon les proportions de ses 4 humeurs.

Publicité
Publicité
6 janvier 2005

Sources du savoir clinique et de la psychothérapie

Le concept de guérir grâce aux forces de l'esprit existe depuis les origines de l'Homme.

Dans les sociétés archaïques

 

Ces sociétés ne possédaient pas de villes, pas d'états et ne connaissaient pas l'écriture, donc notre connaissance sur leurs pratiques psychothérapeutiques se limite à des suppositions.

Dans les sociétés archaïques, le sujet qui souffre est pénétré par une force surnaturelle.

- La maladie vient de la transgression d'un tabou (manger de la nourriture interdite, piétiner un lieu sacré,…). La guérison se fait par la confession et la réparation de la faute.
- Les hommes utilisent et sont victimes de maléfices :
            - Le pouvoir du mauvais œil : par le regard, on envoie la maladie, la mort, l'accident à une personne ennemie.
            
 - 
 Le pouvoir de la mauvaise langue : on envoie la maladie en disant du mal ou par la pensée.
             -  
Le toucher malfaisant : on envoie la maladie, la mort, en touchant l'ennemi.

- La souffrance peut être due à la pénétration d'un objet étranger (imaginaire) dans le corps. La maladie vient donc de l'extérieur. La thérapie dans ce cas consiste à l'extraction de l'objet étranger (rites).
- La maladie vient de ce que le sujet à perdu son âme, on la lui a volé. Le Chaman (Sibérie) entre en transe pour retrouver l'âme perdue.
- L'exorciste cherche à expulser une force qui s'est enfermée dans le malade, par des cris et des conjurations.
- La maladie étant considérée comme une souillure, il existe des rites de purification (bains).
- Dans toutes les sociétés, on retrouve la musicothérapie. Ici, des sons visent à faire sortir le démon du corps (en l'attirant ou en l'effrayant).

Cependant, les sociétés archaïques ne voient pas seulement les maladies comme surnaturelles, il n'y a pas toujours un démon à l'origine de la maladie : on sait soigner les blessures, fractures… à l'aide d'une chirurgie élémentaire, de soins naturels. On s'intéresse beaucoup aux plantes et on en extrait des substances dormitives, calmantes, anesthésiantes… et l'on s'en sert aussi pour atteindre des états seconds de transes, de visions, lors de cérémonies mystiques.

Ces quelques informations nous sont parvenues grâce aux dessins, aux gravures dans les grottes. C'est le socle archaïque du savoir clinique.

 

 

Dans les trois civilisations occidentales classiques

  1. Babylone

La démonologie

- Divinités malfaisantes : des forces célestes punissent et se vengent sur l'homme.
- Divinités de justice : punitions ayant pour cause la transgression d'un tabou. Le malade est culpabilisé (concept encore présent de nos jours).

La guérison vient de la confession (catharsis) : le mage lit une liste exhaustive des erreurs possibles et le malade dit ce qu'il a fait. En plus de l'aveu, le sujet doit calmer la colère des dieux dans le but de guérir (prières, pèlerinage, sacrifices au dieu concerné…). Ensuite, on considère que le malade a payé pour sa faute et on attend la guérison en retour.

 

L'astrologie

Les Babyloniens sont convaincus que la position des astres influe sur leur santé.

 

 

Bilan positif : on pousse le sujet à parler de sa maladie, de ses émotions pour guérir (catharsis).

Bilan négatif : culpabilisation du sujet, il mérite sa maladie car la souffrance n'est jamais gratuite. Ce bilan négatif se ressent jusqu'à de nos jours.

 

  1. L'Egypte

C'est en Egypte que naît la première médecine laïque, profane. L'embaumement des corps, pour les préparer à la vie d'outre-tombe, permet une connaissance très approfondie du corps humain : on prélève des organes et on les étudie dans leur forme et leurs fonctions. C'est le début de l'anatomie.

La médecine égyptienne est à l'opposé de la médecine babylonienne : elle est naturaliste (chaque maladie a une cause naturelle).

On a retrouvé des papyrus décrivant des maladies. Par exemple, l'hystérie est considérée comme une maladie typiquement féminine. La maladie n'est ni une punition des dieux, ni la résultante de la pénétration d'un objet surnaturel. Elle vient de ce que l'utérus, organe migrateur, veut remonter et exerce des pressions sur les autres organes du ventre, donc des douleurs insupportables. En Egypte, on guérit l'hystérie par la fumigation : on fait respirer une décoction à base de plantes à la femme hystérique, et l'odeur fétide fait redescendre l'utérus, apeuré. Cette technique a obtenu de très bons résultats, ce qui a renforcé la théorie utérine de l'hystérie.

 

 

Bilan positif : toute maladie est due à un dérèglement de l'organisme : c'est le début du naturalisme médical. Pas de culpabilisation du patient.

Bilan négatif : pas de traitement de l'esprit, de l'âme.

 

  1. Les Hébreux

Musicothérapie : thérapie qui réussit selon les cas, mais présente et importante, visant à égayer les esprits mélancoliques ou à calmer les agressivités.

Oniromancie : interprétation des rêves en fonction des symboles et de la personnalité du sujet (origines de l'interprétation moderne).

Psychothérapie morale et philosophique : elle consiste à éduquer le sujet à échapper à la folie morale et à mener une vie de sagesse, prudence et modération. C'est une psychothérapie DIRECTIVE : le malade se laisse guider par le maître qu'il a choisi. C'est une stratégie à l'opposé des démarches contemporaines (psychanalyse). Le maître apprend au disciple à éviter les excès (dépenses/avarice, gloutonnerie/jeûne, ivresse…) et à trouver un juste milieu.

Le sujet parle de ses souffrances au maître, qui interprète et donne des directives pour retrouver la « bonne » voie. Il exerce une autorité morale : on ne guérit pas tout seul. Pas de neutralité éthique venant du thérapeute.

5 janvier 2005

La psychologie

On ne peut pas dire si la psychologie est une science un ensemble de sciences.
Elle est à la fois la plus ancienne et la plus récente des sciences qui explorent l'homme. Dans toutes les sociétés, les hommes se sont interrogés sur eux-mêmes à partir d'observations :

- comparaison veille-sommeil : où va l'esprit durant le sommeil ?

- comparaison corps vivant-cadavre : où s'en va l'âme, est-ce qu'elle disparaît ?

- questionnement sur le rêve : est-ce une perception de la réalité ? Une vision du futur ?

Ce sont des questions qui préoccupent les hommes depuis la préhistoire.

Des recherches se sont développées depuis l'Antiquité, au Moyen-Age, à la Renaissance, dans le cadre de la philosophie. La psychologie, appelée à l'époque antique « étude de l'âme humaine », s'étudiait comme une branche de la philosophie.

Les médecins aussi, depuis l'antiquité, s'intéressent aux troubles du psychisme (mélancolie, hystérie, idiotie…). Cette branche de la médecine est appelée « médecine de l'aliénation mentale » au Moyen-Age.

Le mot « psychologie » apparaît au XVIème siècle, inventé par Melanchton en 1588. Le terme n'a pas de succès tout de suite, on continue à parler de « l'étude de l'âme humaine », car la psychologie n'a pas encore de réel statut de discipline à part entière.

Au début du XIXème siècle, le souci de définir un domaine à part entière pour étudier l'âme humaine se fait ressentir : on crée la psychologie et les « psychologistes ». Les psychologistes ne sont cependant pas des spécialistes, mais juste des philosophes qui s'intéressent particulièrement au phénomène du psychisme.

Comment définir la psychologie ?

Définition du Robert :

« La psychologie est l'étude scientifique des phénomènes de l'esprit, de la pensée, de la vie mentale, au sens la plus large de ces termes, phénomènes caractéristiques de certains êtres vivants (animaux supérieurs, homme) chez qui il existe une certaine connaissance de leur propre existence. »

Cette définition peut être critiquée : beaucoup de chercheurs en psychologie veulent supprimer les mots esprit, pensée, vie mentale d'une définition de la psychologie, car ce ne sont pas des choses « étudiables ». On ne peut étudier que le comportement (stimulus > réponse). La seule définition savante du mot psychologie est donc : « étude scientifique des comportements humains ».

 

Exploration de quelques domaines

La psychiatrie

Du grec psyché, l'âme ou l'esprit et iatros, le médecin. Branche de la médecine qui étudie les désordres de la vie psychique. Le psychiatre est un médecin spécialisé en psychiatrie. La psychiatrie est une discipline double : d'une part, c'est une discipline de recherche et d'investigation, et d'autre part une discipline d'intervention, de diagnostic, de thérapie.

Dans l'Antiquité, la psychiatrie est appelée « médecine de la folie ». Jusqu'au XIXème siècle, les médecins ne se spécialisaient pas, ils avaient seulement plus ou moins d'intérêt et de connaissances empiriques sur telle ou telle branche de la médecine. La psychiatrie, la neurologie, l'ophtalmologie,… deviennent au XIXème siècle des spécialisations étudiées en facultés de médecine par des médecins généralistes.

L'essentiel de la formation du psychiatre étant une formation médicale, il considère les troubles du psychisme comme des troubles médicaux. Il peut prescrire des médicaments psychotropes (psychopharmacologie) dans le but d'atténuer voire d'effacer des troubles.

Il peut faire appel à la psychochirurgie (lobotomie frontale : couper quelques liaisons nerveuses dans le but de réduire l'agressivité du patient). Le patient perd une partie de son autonomie. Cette méthode controversée fut surtout utilisée jusqu'au XVIIIème siècle.

Dans les années 1940-50, les psychiatres ont fait beaucoup appel aux électrochocs pour des patients mélancoliques, suicidaires.

Les psychiatres font néanmoins surtout appel au dialogue avec le patient.

 

La psychopathologie

Du grec psyché, l'âme ou l'esprit, pathos, la maladie, la souffrance et logos, le traité, la science. La psychopathologie est une discipline de pure investigation qui regroupe psychologues, psychiatres…

Les maladies mentales sont regroupées en deux grandes catégories :

- Les psychoses : ce sont les dysfonctionnement les plus sévères du psychisme, appelés populairement « la folie ». Le sujet crée son propre univers, se coupe de la réalité.

- Les névroses : Le sujet est en conflit avec la réalité mais n'a pas coupé les ponts avec le réel (exemples : hystérie, névrose obsessionnelle, névrose d'angoisse).

Selon Jaspers, au XIXème siècle, il y a deux types de psychopathologies :

- La psychopathologie explicative (modèle médical classique), qui consiste à trouver des causes aux maladies ;

- La psychopathologie compréhensive, qui consiste à ne pas chercher les causes de la maladie mais à la comprendre, en admettant que la maladie est due à beaucoup de facteurs comme l'histoire du sujet et les événements qui lui sont survenus (Freud, pluralité multifactorielle).

La psychothérapie

 

La psychothérapie n'est pas une discipline de recherche, mais une discipline de pure intervention. Elle remonte à la préhistoire : les hommes ont toujours cherché à soigner la souffrance émotionnelle par le chant, la musique, les incantations, les pratiques magiques…

La psychothérapie n'est pas une profession et ne requiert pas de titre universitaire, ce qui favorise l'existence de praticiens non reconnus (charlatans, gourous de sectes, magnétiseurs…). En France, le titre de psychothérapeute devient réglementé et ne sera bientôt plus accessible qu'à des médecins ou psychologues.

Au Moyen-Age et dans l'Antiquité, des mages, médecins ou exorcistes ont exercé la psychothérapie pour soigner les souffrance des individus.

Deux types de psychothérapies :

- La psychothérapie directive où le thérapeute se considère comme le maître, guide ou indicateur du sujet (il indique la bonne voie au patient qui n'est pas en mesure, pour le moment, selon lui, de diriger sa vie, de faire des choix). La théorie adoptée stipule que les troubles psychiques du sujet proviennent d'un mauvais apprentissage, donc il faut le guider sur la « bonne voie » pour réapprendre.

- La psychothérapie non-directive, dans laquelle le thérapeute n'est pas un guide, et où l'on considère que la guérison consiste à réussir à prendre des décisions de manière autonome. Le thérapeute accompagne, suit le patient en discutant avec lui. Il ne lui montre pas de voie à emprunter. Il ne prend pas position sur les actions du patient. « On n'apprend pas à être libre en étant dirigé. »

Selon Sigmund Freud, le thérapeute ne doit pas adopter d'attitude d'interférence, de prise de position, mais une « neutralité bienveillante » caractérisée par une écoute attentive. Aucun jugement, positif ou négatif, mais pas une froideur distante non plus.

Les objectifs du thérapeute

Il existe, par rapport à leur objectif, deux types de thérapies.

- La thérapie perfectionniste, qui consiste à chercher la perfection du patient, en considérant qu'il a un potentiel (créativité, spontanéité) qu'il n'utilise pas et qu'il faut réveiller. L'objectif ici est de libérer totalement le sujet, pour qu'il se connaisse lui-même.
- La thérapie mélioriste, elle, se donne un objectif plus limité, moins utopiste. Le thérapeute aide le patient à se réconcilier avec son passé, ses erreurs, avec lui-même. « Faire ce que nous possédons, nous accepter comme nous sommes » (psychanalyse).

En quoi consiste la psychothérapie ?

Le psychothérapeute n'apprend pas sa méthode de travail, alors que le psychanalyste est obligé de passer par une psychanalyse pour pouvoir exercer. Les méthodes psychothérapeutiques sont diverses et variées.

Grâce à la psychothérapie, le patient apprend à dominer ses peurs, reprendre le goût de la vie, ressortir ses tendances refoulées…

Le sujet ne doit pas seulement, à travers la psychothérapie, apprendre à s'adapter au monde qui l'entoure, mais aussi garder une certaine distance critique, ne pas devenir conformiste.

Quels sont les critères d'une thérapie réussie ?

- Selon les comportementalistes (béhavioristes), la réussite est la disparition du symptôme.

- Selon la psychanalyse, le symptôme ne disparaît pas mais se transforme. La réussite consiste alors à arriver à établir des relations sociales et à s'intéresser au monde du travail (Freud : « aimer et travailler », Adler : « guérir le complexe d'infériorité »).

 

La psychologie clinique

 

Du mot klinikos, celui qui visite les malades au lit. Lightner Witmer (USA) utilise ce mot pour la première fois en 1896. Il s'intéresse aux problèmes des enfants qui ont des difficultés en classe dues à des problèmes familiaux ou au sein de la classe. On ouvre dans les écoles des cliniques psychologiques.

Par la suite, on forme des psychologues pour faire passer des tests et évaluer la personnalité des soldats blessés en 1914-18. C'est la première fois que des psychologues exercent dans un autre domaine que l'enseignement ou la recherche. Un cursus complet de formation de psychologues sera mis en place.

Définition : « La psychologie clinique est une discipline psychologique ayant pour but la connaissance approfondie des cas individuels. »

La psychologie clinique n'étudie donc pas une société, un groupe, mais un cas individuel. La psychologie clinique peut donc être qualifiée de science idiographique (descriptive des cas individuels) et non nomothétique (exploration de généralités, catégories, pour définir des lois). Elle étudie l'homme dans ses pathologies, sa personnalité, sa singularité biographique (son histoire, son itinéraire).

Daniel Lagache définit trois formes de psychologies :

- La relation JE/MOI-MEME : j'explore ma propre vie, j'essaye de me comprendre. Cette psychologie est qualifiée « en première personne ».
- La relation JE/TU : je dialogue avec l'autre. Cette psychologie « en deuxième personne » est la psychologie clinique.
- La relation JE/IL : psychologie expérimentale, « en troisième personne », qui consiste en l'observation du comportement du sujet, sans relation interpersonnelle.

Objectif du psychologue clinicien :

Il étudie une maladie dans ses composantes émotionnelles (représentations du sujet).

  

La psychanalyse

 

La psychanalyse est une psychothérapie qui existe depuis le début du XXème siècle, reposant sur une méthode et une psychologie fondée par Sigmund Freud. Elle consiste en particulier à explorer des tendances inconscientes du sujet.

En 1977, le 30ème congrès de la psychanalyse s'est déroulé à Jérusalem, et l'on y a établi une définition valable pour tous les psychanalystes (même si controversée) : « La psychanalyse se rapporte à une théorie de la structure et du fonctionnement de la personnalité, à l'application de cette théorie dans d'autres domaines de la connaissance, et à une technique psychothérapeutique spécifique. Cet ensemble de connaissance repose sur la théorie établie par Sigmund Freud. »

Ainsi, la psychanalyse se rapporte à une théorie fondée sur l'inconscient, et à des applications en histoire, en littérature… Elle est aussi une pratique de traitements visant à mieux se connaître soi-même.

La médecine psychosomatique

Du grec somatos, le corps. Cette médecine envisage les relations entre les conflits psychologiques et les affections somatiques. Par exemple, une personne stressée et sur laquelle reposent beaucoup de responsabilités risque de souffrir d'un ulcère à l'estomac. Cette personne transpose son stress sur son corps au lieu d'en parler, d'extérioriser.

On croit en une traduction des affects en symptômes cliniques : c'est le langage du corps. La médecine psychosomatique se rattache à la psychanalyse, mais elle reste une discipline médicale.

 

4 janvier 2005

Névroses


Définition, historique du terme

A l'origine, Cullen utilise ce terme pour désigner l'ensemble des maladies du système nerveux, y compris l'épilepsie, la maladie de Parkinson... Il utilise le terme de NEUROSIS, qui sera transformé en NEUROSE (Pinel) puis NEVROSE. Avec le temps, on se rend compte que le terme regroupe des maladies trop disparates, on le réserve donc à des troubles dont le plus célèbres est l'hystérie.

Névrose (Jacques Postel) = maladie mentale dont le sujet reste douloureusement conscient et qui, malgré les troubles qu'elle peut occasionner, n'affecte pas profondément les fonctions essentielles de la personnalité.

Postel oppose radicalement psychose et névrose : le psychotique ne se croit pas psychotique, alors que le névrosé est conscient de sa maladie. Cette conscience n'est pas sereine, elle est source de détresse et de souffrance pour le sujet.
Il y a certes des troubles de la personnalité dans la névrose mais les fonctions essentielles de la personnalité (langage, mémoire, imagination, raisonnement, vie sociale...) ne sont pas affectées.
On estime que 12% de la population sont atteints de troubles névrotiques.


Groupes de névroses

Troubles anxieux, paniques et phobiques
Les sujets réagissent de façon inadaptée : anxiété, panique (fuite), phobie.
> Agoraphobie : peur des lieux où se trouve une foule (le sujet reste à l'écart). Maladie très handicapante sur le plan social.
> Claustrophobie : peur d'être enfermé dans un lieu duquel on ne pourra pas ressortir librement (ascenseur, téléphérique...). Le sujet refuse de perdre son autonomie.
> Phobie sociale : peur d'un groupe (femmes, groupe ethnique...).

Le sujet essaye souvent de faire des thérapies mais a du mal à s'en sortir.

Troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
Conduites que le sujet accomplit comme s'il ne pouvait pas éviter de le faire (ex: remettre les objets bien en place : obsession de la régularité). La chose doit être réglée immédiatement, le sujet ne peut pas s'en empêcher.

Hystérie
Névrose caractérisée par une hyperexpressivité des idées, des images et des émotions inconscientes. Etudiée par Freud, se caractérise par des conversions somatiques : des expériences vécues sont devenues intolérables donc descendent dans l'inconscient et se manifestent sur le corps (ex: cécité hystérique : refuser de voir).

Hypocondrie
Le patient vit dans l'obsession de sa santé, de la maladie possible. Souci maladif permanent et conscient de la maladie.

Troubles dépressifs et réactionnels au stress
Le patient qui vit dans le stress (réponse de l'organisme à une excitation intense et difficile à emmagasiner) peut avoir une réaction de dépression ou divers troubles réactionnels.

Névrose familiale (selon Laforgue)
Certaines familles semblent être organisées dans un système névrotique global. Pour Laforgue, il y a une structure il y a une structure de type sado-masochiste dans laquelle les enfants grandissent. Tous les membres de la famille doivent suivre une thérapie ensemble.

Névrose d'échec (selon Laforgue)
Fondée sur la conviction du sujet que tout ce qu'il va entreprendre dans la vie est vouée à l'échec. Il n'y a pas toujours de symptôme réel. Exemple : oubli de toutes les révisions durant un examen.

Névrose de destinée (selon Laforgue)
Idée que nous sommes tous porteurs d'un destin qui nous pousse dans une certaine direction et que l'on ne peut rien y changer.

Névrose de personnalité (selon Freud)
Echec après une réussite (vouloir l'échec dans une voie où l'on a réussi de façon forcée).


Alcoolisme, suicide

Deux formes de psychopathologies ont été considérées comme déviations morales et sont maintenant considérées différemment : l'alcoolisme et le suicide.

L'alcoolisme

L'alcool accompagne l'homme depuis la préhistoire. C'est tantôt la "bonne drogue" (boisson du bonheur, de la joie, boisson rituelle, sacrée,de guérison), tantôt perçue comme "mauvaise drogue" (qui conduit à la maladie, à la souffrance).
Au XVIIIème siècle, la consommation excessive d'alcool est perçue comme vice moral, appelée ivrognerie et perçue comme trouble de l'ordre public.
Au milieu du XIXème siècle commence la médicalisation et la psychiatrisation de l'alcoolisme. Le terme d'ivrognerie est remplacé par alcoolisme (Magnus Huss, 1849), et l'alcoolisme n'est plus considéré comme un vice mais comme une maladie mentale.

Caractéristiques psychologiques du sujet alcoolique :
Recours à l'alcool pour apaiser les tensions : oubli provisoire (on n'efface pas la source de la tension). Une fois l'effet passé, le besoin réapparaît. C'est l'entrée dans la dépendance.
Certains psychanalystes parlent de traumatismes graves dans la prime enfance de l'alcoolique : prédisposition à l'alcoolisme.
Le traitement de l'alcoolisme en psychothérapie est difficile. Le sujet ne consulte généralement que pour parler des troubles occasionnés par l'alcoolisme (gastro-entérologue, neurologue...). Il ne va voir un psychothérapeute que poussé par des proches et ne croit pas en la réussite de la thérapie.
Traitements :
> Cure de désintoxication, de sevrage (cette étape ne réussit pas toujours car le patient passe d'une situation où il est très surveillé à une situation de liberté)
> Prise en charge psychothérapeutique (ne réussit qu'avec la conviction du patient)
> Néphalisme : tendance des anciens alcooliques à se regrouper pour discuter de leur itinéraire, de leurs souffrances. Les membres s'encouragent mutuellement à persévérer dans l'abstinence. Bonne réussite. Ex: "Alcooliques Anonymes".

Le suicide

Perçu dans l'antiquité tantôt comme un acte d'héroïsme, tantôt comme un acte de lâcheté.
Les grandes religions introduisent l'idée que le suicide est une faute. Les suicidés n'avaient pas le droit aux funérailles ni à une cérémonie. Dans les traités de droit du Moyen-Age et de la Renaissance, le suicide est un crime, d'où la punition d'interdiction de cérémonie.
L'idée selon laquelle le suicide serait le résultat d'un trouble apparaît lentement. Psychiatrisation et médicalisation du suicide au XVIIIème siècle.

Les psychologues essayent de repérer les causes du suicide :
> Eviter une situation pénible
> Acte d'auto-agression (dépression mélancolique) : le sujet veut se punir.
> Appel au secours : geste désespéré pour montrer la situation dans laquelle le sujet vit à son entourage.

Les modes de suicide sont différents selon la véritable envie de mourir ou la volonté d'appeler au secours (sauter du dixième étage ou se couper les veines).

4 janvier 2005

Perversion ou paraphilie

C'est la tendance d'un sujet à rechercher la satisfaction sexuelle par des voies inhabituelles.

- Perversion d'objet : l'objet du désir est inhabituel.
       > Pédophilie : Recherche de la satisfaction avec des personnes n'ayant pas atteint la maturité sexuelle.
       > Gérontophilie : Même chose avec des personnes âgées.
       > Nécrophilie : Même chose avec des cadavres.
       > Zoophilie : Même chose avec des animaux.

- Perversion de but : la façon d'atteindre la jouissance est inhabituelle.
       > Sadisme : Recherche de la jouissance par la souffrance d'autrui.
       > Masochisme : Par sa propre souffrance.
       > Voyeurisme : Par la vue de parties ou du corps entier d'autrui.
       > Exhibitionnisme : Par l'affichage de son propre corps.
       > Fétichisme : Par la possession d'objet appartenant au sexe opposé.
       > Travestisme : Par le déguisement en personne du sexe opposé (la personne ne se prend pas pour une personne du sexe opposé mais aime être perçu comme).

4 janvier 2005

Psychoses


Evolution historique du concept

Le mot psychose est un terme récent d'origine allemande, qui apparaît pour remplacer des termes moins scientifiques.

Au Moyen-Age, le fou est celui qui est dépourvu d'esprit (un ballon rempli d'air). Le terme « folie » est chargé péjorativement au niveau moral : il signifie la démesure, l'excès, l'absence de raisonnement. Même les médecins parlent de folie avec un jugement moral négatif.

Philippe Pinel propose, au début du XIXe siècle, de ne plus parler de folie pour éviter le jugement négatif et remplace ce terme par « aliénation mentale » (personne étrangère à elle-même). La connotation négative reste cependant.

Falret, disciple de Pinel, propose un terme moins lourd, moins dramatique, la « maladie mentale ». Son but est de faire entrer le malade mental dans la même catégorie que tous les autres malades. Ce terme n'a pas de succès car trop vaste, trop global : il désigne les maladies mentales les plus sévères par « maladies mentales » et ne fait donc pas de distinction de gravité.

Au XXe siècle, on introduit le terme de psychose, et on l'oppose au terme de névrose.

 


Critères, symptômes de la psychose

Jacques Postel propose cinq critères spécifiques de la psychose, qui ne se retrouvent ni dans la névrose, ni dans la perversion :

La gravité des troubles : Les difficultés créées par la maladie sont telles qu'elles conduisent à un handicap juridique et social. Il est impossible au malade de poursuivre un parcours de vie normal, autonome.

 

 L'absence de conscience de la morbidité des troubles : L'individu ne croit pas être victime d'une maladie, ne se rend pas compte de ce qu'il est en train de vivre et ne croit pas en la nécessité de suivre un traitement. Il croit en ses délires comme à la vérité, ne comprend pas la limite entre la fiction produite par son esprit et la vérité. Il se croit parfaitement sain d'esprit, d'où la difficulté extrême d'entreprendre une psychothérapie, car ceci repose sur le dialogue (le patient demande et le thérapeute offre). On ne peut qu'imposer les soins au psychotique, il n'y a pas de possibilité de relation de confiance et de consentement mutuel entre le thérapeute et le psychotique, qui refuse tout traitement.

 

L'étrangeté des troubles (critère social) : Le regard de l'entourage est un regard d'étrangeté, de mystère. Autour de l'individu, les personnes sont incompréhensives. On a des difficultés à dialoguer avec lui, il ne s'intéresse pas à ce que les autres peuvent penser de lui.

 

L'incommunicabilité : Communication uniquement pratique (« Passe-moi le sel »). Le psychotique fuit tout contact, s'enferme dans son silence. Il parle avec des néologismes psychotiques (expressions inventées ou modifiées qui n'ont de sens que pour lui).

 

Le repli sur soi : Le psychotique se met en position autiste, en rupture avec le réel. Il vit dans un autre monde psychique.

 

Selon Lasègue : « En général, le malade psychotique ne cherche pas à convaincre son entourage de la vérité de son délire, il ne s'intéresse pas à autrui, il se suffit à lui-même. »

 


D'où vient la psychose ?

Il y a quatre théories, modèles étiologiques sur l'origine de la psychose.

 

L'organogénèse : Modèle qui a eu très longtemps la préférence du corps médical. La psychose est considérée comme une maladie du cerveau, organique, somatique. Elle peut être d'origine traumatique, toxique (alcool), virale, génétique, neurochimique (troubles du fonctionnement chimique du cerveau)… Le traitement doit donc être purement médicamenteux.

 

 La psychogénèse : Une ou des causes de la psychose sont psychologiques, liées à l'histoire de l'individu.

 

La sociogénèse : La maladie mentale n'existe que chez des personnes vivant dans une société, dans une famille. Il faut se demander, dans le cas d'un psychotique, quel rôle a joué la famille pour que le sujet devienne psychotique.

Selon l'école d'anti-psychiatrie (Laing), le malade ne fait qu'exprimer le trouble d'une famille entière. Il est le bouc émissaire de la famille.

 

Multifactorialité étiologique : La psychose est le résultat de l'interaction entre différents facteurs.

 


Quelques formes de psychoses

La psychose maniaco-dépressive
Depuis l'antiquité, on a décrit une situation où des sujets vivent des épisodes exubérants, enthousiastes, mégalomanes, très agités (manie), suivis d'épisodes de dégoût de l'existence, de soi-même, de désir de suicide (dépression)...
Au début du XXème siècle, on définit la psychose maniaco-dépressive par la coexistence et l'alternance d'états d'excitation et de dépression. Durée des phases : 2 à 3 semaines.

La schizophrénie
Psychose grave qui survient chez l'individu jeune. Le sujet souffre d'une dissociation mentale, d'une activité délirante. Selon Minkowski, il ne faut pas chercher la cause de la maladie mais la comprendre. Derrière tout symptôme, l'expression d'une modification est caractéristique de toute la personnalité. C'est le rationalisme morbide.
Le schizophrène vit dans un autre temps, qui s'écoule différemment ou qui s'est arrêté.

La paranoïa
Psychose chronique, caractérisée par un délire bien construit et systématisé, accompagné par des troubles du jugement et de la perception, sans détérioration intellectuelle.
La forme classique de paranoïa est le délire de persécution, repéré par Lasègue vers 1850. Le sujet se croit surveillé, espionné, victime de vol, de tentatives d'empoisonnement... et vit dans un monde d'ennemis : entourage, voisins, personnages imaginaires, facteur, banquier...
Ce délire ne disparaît jamais, et le sujet s'enferme dans une construction où il croit être de plus en plus persécuté.
Il y a deux sortes de délires de persécution :
   - Le délire passif : fuite des ennemis (déménagements)
   - Le délire actif : le persécuteur persécuté (barricades, armes, parfois meurtres...)

L'autisme
Le sujet refuse tout contact, reste dans son monde intérieur.


Comment soigner les psychoses ?


- Thérapies médicamenteuses (progrès de la psychopharmacologie)
- Psychothérapie (difficile car le psychotique n'est pas à la recherche d'une écoute)
- Hypnose (dangereuse car peut exacerber l'état du psychotique). 

Publicité
Publicité
Publicité